La fin des loups en Charente .
L'assemblée constituante, avec le régime féodale , a détruit par ses decrets d' août 1789 , le droit exclusif de la chasse . Chaque propriétaire pouvait donc abattre chez lui toute espèce de gibier . La limitation du loup ne pouvait être réalisée efficacement à la si petite echelle d'une propriété , alors que, par les mêmes décrets , toutes les capitaineries et toutes les réserves de chasse se trouvaient abolies. Il fut bientôt reconnu que cette réglementation était source de graves déséquilibres .
Un nouvel arrêté du 19 pluviôse (8 février) 1797 enjoint la destruction des animaux nuisibles par des chasses et battues ordonnées par les administrations départementales et de concert avec les agents forestiers des arrondissements.
La loi du 11 ventôse de l'an 3 ( 1er mars 1794 ) avait fixée le montant des primes pour la destruction du loup à :
Louve pleine = 300 fr, louve = 250 fr, loup = 200 fr, louveteau plus petit qu'un renard = 100 fr.
Le conseil des cinq cents du 10 messidor an 5 les réduisit à , respectivement : 50, 40 , 20 Fr . La prime pour le louveteau ne nous est pas connue , mais un loup ayant attaqué l'humain est primé à 150 fr . Cette notion de bête attaquant l'homme va disparaître dans l'instruction de septembre 1807 et le louveteau sera de nouveau primé , mais à 3 fr .La prime pour un loup est réduite à 12 fr, pour une louve non pleine à 15 fr et pour une louve en gestation à 18 fr . Ces primes sont normalement attribuées aux chasseurs et aux habitants des campagnes pour les loups pris ou tués.
Pour évaluer l'intérêt de ces primes en chutes libres , alors que les populations de loups semblent augmenter , une paire de sabots ( de campagne) valait 2.50 fr en 1808 , alors que 500 g de pain dit "second" valaient 1.14 fr la même année .
Un décret du 11 fructidor de l'an 12 réorganisera la louveterie Le département de la Charente est inclus dans la onzieme conservation forestière , dont le chef-lieu et la capitainerie sont Bordelais. La Charente a deux lieutenants de louveterie .
Les capitaines et les lieutenants de louveterie entretiennent chacun un équipage de chasse avec, au minimum, un piqueur, deux valets de chiens, deux valets de limiers , dix chiens courants et quatre limiers . Ils ont charge de faire connaître au Préfet l'état des loups tués par eux et constatés tués par les chasseurs ou les habitants des campagnes. Voici , couvrant la période 1809 à 1817 l'état des loups détruits en Charente :
1809, 107 bêtes dont :1 louve pleine 13 louves non pleines , 26 loups et 67 louveteaux
1810 , 94 bêtes dont: 4 louves pleines , 11 louves non pleines, 18 loups et 61 louveteaux
1811, 54 bêtes dont 4 louves pleines , 8 louves non pleines ,18 loups et 28 louveteaux
1812 , 75 bêtes dont 1 louve pleine , 15 louves non pleines, 26 loups et 33 louveteaux
1813 , 40 bêtes dont : 3 louves pleines 05 louves non pleines, 06 loups et 26 louveteaux
1814 , 48 bêtes dont : 3 louves pleines 12 louves non pleines, 15 loups et 21 louveteaux
1815, 53 bêtes dont 1 louve pleine , 09 louves non pleines, 18 loups et 25 louveteaux
1816 , 78 bêtes dont : 3 louves pleines 14 louves non pleines, 24 loups et 37 louveteaux
1817, 108 bêtes dont : 1 louves pleines 24 louves non pleines, 21 loups et 62 louveteaux
En 1752 un enfant de 8 ans fut mangé par les loups dans le pays bas Saintongeais. Il semble que ce fut la dernière victime humaine de ces animaux redoutés,sur ce territoire . En 1900 les loups sont considérés comme ayant disparus.