Ce qu'il en dit , le parlanghe

Par  C  Beurdassou   -   Utilisation  interdite ; La reproduction partielle  et /  ou selective est parfois la forme la plus lâche et la plus basse du mensonge.  Lien  et adressage informatique possible.


A la fin du siècle dernier, un étendard provocateur faisait onduler un slogan à la limite de la grossièreté : « Peurquoé les potevins i v'nant emmardé les Saintongeais ? » sur le ciel des patoisants et des amateurs de patois.

Depuis, des nuages obscurcissent le ciel de Saintonge et du Poitou, plongeant dans les ténèbres les derniers âges des nos deux cultures. En polluant sciemment les boites à couriels, s'imposant perfidement et violemment sur et dans tous les moyens de communication, perturbant toute tentative de création, cristallisant les énergies sur ces quelques mots qui ne sont pourtant que mensonges de « va t'en guerre! », la chienlit s'est abattue sur la Saintonge comme autrefois la peste sur le village de Thors (17).

Jamais, à ma connaissance un patoisant de Saintonge n'a affirmé une telle grossièreté à l'encontre de son voisin poitevin, pourtant la chose est écrite, pas par un barde, pas par un conteur, pas par un créateur d'expression saintongeaise. Il semble que le sens originel en serait : Pourquoi les linguistes universitaires de Poitiers viennent ..…….etc . L'attaque ainsi rédigée en un patois approximatif ne pouvait pas manquer de provoquer l'indignation des patoisants saintongeais. C'était donc aux « trompettes-sonnez la charge » des linguistes universitaires et des affairistes politicards que le monde des bardes c'est retrouvé poussé au front, pour faire nombre dans une guérilla entre les tenants et les anti trait d'union du Poitevin-Saintongeais, entre des intellectuels déchus ou non et des linguistes reconnus ou amateurs, entre des folkloristes envieux de n'être pas les ethnologues et des ethnologues de formation rêvant d'être ethnologues reconnus, entre des enseignants à l'affût du revenu des postes universitaires, et des affairistes louchant sur les subventions régionales et départementales et pourquoi pas, sur des aides politiques. Il est compréhensible, ce besoin de lever une troupe pour signer les pétitions, pour appuyer les demandes, pour affirmer en patois, par le patois, la caution d'une culture régionale, c'était donc un moyen menteur justifié par une fin qui n'avait que très peu à voir avec les  «potevins et les saintongeais ».

Privé de cet enrôlement, elle aurait connu quelques misères, la demi-douzaine de meneurs du collectif pour la défense du Saintongeais face aux linguistes–universitaires de Poitiers. Les potevins, les vrès  eux, accordez moi « poét'vin », ne sont pas monté au créneau ( ni por la piaughé ni por emmarder l'Saintongheais)….. Pas d'unité dans le comportement face a un problème commun !

La levée des troupes puis la reconnaissance du Saintongeais n'aura eu en fait pour seul motif rationnel et honnête, que l' imbécile graphie, bâton « normalisé » coupé par les tenants de l'unité linguistique en Poitou-Charente, pour se faire battre et sans laquelle les « Saintongheais » n'auraient pas bougé le petit doigt .


Ils ont pourtant grandement raison
les linguistes qui affirment une unité linguistique du Poitou et de la Saintonge. D'un point de vue purement linguistique, c'est indéniable !!! C'est l'unité linguistique des provinces de langues d'Oïl ! Nombre de leurs pairs l'avaient affirmé bien avant que ne soit posée la première pierre de l'université poitevine. Il est inutile de tergiverser à ce sujet ! Pas plus que de nier ou d'encenser le mot « parlanghe » qui est « attesté » jusqu'en Belgique et même au delà des frontières nébuleuse de la langue d'Oïl. Sur ce point purement linguistique, les linguistes disent vrai ! Mais unité originelle de la langue ne signifie pas unité  de langage. Les identités poitevine et saintongeaise ont été forgées d'événements aux influences bien différenciées, d'une province à l'autre. La dépendance à la couronne d'Angleterre, le calvinisme et les guerres de religions, la ruine totale par le phylloxéra……la zone occupée et la ligne de démarcation ………. et bien d'autres événements ont façonné des hommes, des philosophies, des coutumes et des modes d'expression différents.

Le saintongeais (il n'est pas le seul) est toujours légèrement marqué d'atavisme un peu tribal, il développe très rapidement des antagonismes identitaires et n'a pas besoin de la province voisine pour annoncer des différences. Demandez à un Saintongeais de la grande champagne Cognaçaise s'il se reconnaît les mêmes racines, avec son voisin de Haute Saintonge, et vice versa sans doute, vous serez surpris du nombre de différences qu'il évoquera , rien que dans le langage.

Les linguistes reconnus comme tels par leurs pairs ne se fourvoient pas à décréter et à promouvoir des zones identitaires, sous la piètre raison d'une langue d'origine commune.

( Il semble que tous les linguistes s'accordent en effet sur un point ; leur discipline est descriptive et non normative , ils ne sont pas là pour s'occuper du bon usage , mais pour comprendre les règles et l'usage du langage , tel qu'il s'observe .)

Si dans certains cercles professionnels, de tels exercices sont les bien venus, faites à votre goût, mais ne prenez pas les  « poé'tvin » ni les « saintongheais » pour vos faire-valoir ni pour les consommateurs de vos élucubrations.

Quant aux autres, ceux qui ne sont pas reconnus, les auto-proclamés, les amateurs voire les fabulateurs, sur ce sujet là… taisez vous !!! Car au tapage mené on pourrait croire que, sur la population des six cents à mille linguistes répertoriés en France, la plus grande partie est exilée au pays des ânes velus.

Et vous, les marchands, les assistés, les égotistes, faites entre vous tous ce qui vous plaira, l'éventail de vos actions précédentes laisse espérer de belles foires d'empoignes mais :


V'nez pas emmarder les saintongheais et les poét'vins !!

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